Rendez-vous ? Oui, rendez-vous !

Voilà ce qui m’attend lundi prochain :  » Les pinceaux de Feu », la conférence donnée par Guy-Olivier Chappuis ce  lundi 25 mars pourrait aussi s’intituler: la passion des rencontres.  Sa rencontre avec l’artiste vaudois Edgar Mabboux était une découverte inattendue, passionnante et riche en humanité pure et simple… Un rendez-vous que j’attends avec impatience, et vous ? Rendez-vous à l’espace Source de création à Lutry que je remercie pour l’accueil. Nous vous y attendons…

Après le 8 mars

Merci Nadine pour cette réflexion toute en douceur. Tu as bien raison de dénoncer le mélange des genres. Le 8 mars va bien au-delà de Gaza, de la Palestine, d’Israël, etc. Sans parler des armes des bien-pensant(e)s d’ici, l’intolérance et la violence verbale, sinon physique. Je salue ton courage. J’engage ceux me suivent à suivre ta réflexion.

Conférence à Lutry

C’est l’histoire d’un peintre de chez nous. Je l’ai rencontré, il m’a ému, il m’a sidéré. De cette rencontre unique est sorti un livre que ceux qui suivent mon blog connaissent déjà, Les Pinceaux de Feu (Éd. Cabédia).
Lundi 26 février à l’Atelier Source de création à Lutry je vous en dirai plus. L’occasion pour tous les curieux de venir poser des questions, pour les autres de découvrir l’épopée d’Edgar Mabboux. See you !

Badinter m’a quitté

Il y a des livres qu’on ne devrait jamais quitter des yeux. Pour moi, il y a d’abord eu L’Étranger d’Albert Camus, puis L’Exécution de Robert Badinter. Pour le premier, c’est mon ouverture au monde littéraire et philosophique, à la vie quoi ! J’ai dix-sept ans. Pour le second, c’est la découverte intime de l’humanité, j’ai dix-huit ans, peut-être dix-neuf. J’ai égaré, perdu, oublié ces deux livres de poche. Ils me manquent aujourd’hui encore. Je maudis le déménagement de trop qui m’a entraîné hors des sentiers affectifs, débordé par les contingences organisationnelles. J’ai bien entendu racheté et l’un et l’autre, mais ce n’est pas la même chose. Pour preuve, mon exemplaire de l’Exécution tout écorné, aux pages grisailles… je revois encore mes annotations maladroites au crayon de bois, je sens les pages gondolées par mes larmes… Tout cela est remonté en moi à l’annonce de la mort de Robert Badinter.

En voilà un qui m’a poursuivi toute ma vie ! Robert Badinter m’a ouvert la voie, il a accéléré mon dépucelage intellectuel, m’a rendu à tout jamais ennemi de la foule haineuse, assoiffée du sang du condamné qu’il soit coupable ou pas. Si on est un homme, on ne peut pas accepter une justice qui tue. Une justice injuste souvent, ou maladroite parfois, fragile toujours, sans courage sans l’avouer. Simplement parce que ce n’est qu’une justice d’hommes et de femmes. Dans le flot désordonné des souvenirs de mes années d’adolescent qui m’assaillent depuis quelques jours, il y a encore cette une de Charlie Hebdo parue juste après la double guillotine de Bontemps et Buffet, un sondage et un dessin fort comme une lame de couteau.

Les vieux, du balai…

Les vieux nous emmerdent ! Du balai ! Oui, mais comment… C’est le thème de mon dernier roman en cours d’écriture. Du brutal ! Oui. Avec des personnages qui tentent de s’en sortir. En attendant la fin de l’histoire et l’éventuelle édition, je me suis amusé avec une politicienne qui fait la une des médias. Une coqueluche prise de vertige. Lisez et réagissez…

Changer de plume

Puisque les éditeurs hésitent encore à me faire confiance, je repasse ma plume à l’encrier journalistique. Et vive le print ! Les journaux papiers pour rester entre nous… Bref, mes romans sur le féminisme, les vieux qui coûtent trop cher à la société, l’amour toujours ou la peinture en folie… ah, j’oubliais mes premières amours: le polar, tous ces beaux romans qui vivotent dans le premier oubli, ou attendent fébrilement un éditeur ou sont encore sur l’établi d’écriture, tous ces jolis romans font place ce jour à un courrier de lecteurs… Merci à 24Heures de m’accueillir (en tête de page) pour un faux lamento sur l’urbanisation galopante, la densification effrénée qui saisissent notre pays. Si cela vous plaît et peut-être vous chaut au coeur, écrivez-moi ! Sympa de partager !

Burnand l’inclusif

J’entends déjà les jeunes pisse-froids ricaner: c’est qui cet Eugène Burnand ? D’abord Eugène, ça ne se fait plus . Trop blanc, trop vieux, trop colonialiste, etc. Certes ! Aujourd’hui, les jeunes ont raison. Toujours raison. Les vieux, trop moches pour être écoutés ou vus ou approchés (sauf de Niro et Pacino). Je m’en fous, je ne suis plus jeune depuis un certain temps et j’ai été soufflé par l’exposition Immortaliser les visages de la Grande Guerre. Cela se voit au Musée Eugène Burnand de Moudon, un musée de poche au charme simple, tenu par des bénévoles qui croient encore aux racines du passé, à la beauté d’une peinture saisissante, témoignage d’un temps révolu, d’une histoire qui est la nôtre. Les moins jeunes diront que Burnand est une vieille barbe qui encombre ses toiles de la vie paysanne de son coin de pays. Ses vaches sont puissantes, ses chevaux racés, ses paysans abrutis de fatigue. Mais tout est juste. Témoignage d’un temps que les jeunes de vingt ans et moins ne peuvent même pas imaginer. Tellement notre vie est aujourd’hui affadie par la mollesse et la facilité. Reste que le meilleur de Burnand réside dans ses portraits de soldats de la Grande Guerre. Cinquante pastels qui passent en revue ceux qui se sont engagés de gré ou de force auprès des Alliés de l’époque. Le trait est sûr, la couleur délicate. Ils redonnent une vie à tous ces visages venus de coins perdus (colonisés ou non) du début du XXème siècle, venus pour plonger dans les tranchées de la haine européenne. Tous les calots, tous les regards, les moustaches, les barbes, les turbans, les insignes nous fixent, nous figent, nous parlent. Malgré les bouches cousues. Stupéfaction et émotion. Saisissement. Quelques minutes pour changer d’époque, de lieux, de relations, d’état d’esprit. Ces hommes, ces quelques femmes immortalisés par le peintre inspiré ont été mes frères et mes soeurs, l’espace de quelques minutes. C’était dimanche 4 juin à Moudon au Musée Burnand. L’exposition est à voir jusqu’au 29 octobre 2023. Allez saluer de ma part ces pastels marqués du sceau de la fraternité universelle.

Le peintre

Les copulations de Ferguson

J’aime beaucoup l’accent que met Jon Ferguson dans son français parlé. J’aime bien aussi les écrits de Jon Ferguson, l’ancien basketteur américain devenu écrivain. Oui… Même lorsque je ne comprends pas toujours ce qu’il veut dire. Ce n’est pas tant une histoire de sens que de formulation. Je m’y perds parfois, comme si Ferguson entrait dans ma zone en me dribblant, avant de placer la balle orange dans le panier. Sans que j’y comprenne quelque chose. Reste que j’aime la plupart des écrits de ce bonhomme. Particulièrement celui du jour (mardi 14 mars 2023) dans le journal 24Heures qui traite de la notion de racisme. Évidemment, c’est à la mode. Tout le monde est racisé aujourd’hui, surtout les blancs. Ce qui me plaît chez Jon Ferguson, c’est sa manière de renvoyer le racisme aux vestiaires. Je le cite avec gourmandise: « Il semble que seul ces derniers (les humains) soient assez stupides pour faire tout un plat de la couleur… et sont assez bêtes pour diviser leur espèce en races selon leur couleur et s’accuser de racisme . » Alors que les animaux nous en mettent plein la vue avec leurs myriades de couleurs. Suivons encore un peu plus loin Ferguson, « nous sommes tous le résultat de millions et de millions de copulations… » J’essaie d’imaginer ces mélanges astronomiques de spermatozoïdes et d’ovules au fil des siècles. Il a raison le bougre, tellement raison ! La notion de racisme n’est qu’une pensée réductrice que les démagogues adorent asséner. C’est moins fatigant que de tenir des discours articulés qui donnent à penser aux masses. Ah, les démagogues… Ils sont de toutes les races et nous en font voir de toutes les couleurs. Merci Jon Ferguson !

Valérie Solano, première !

Valérie Solano – la syndicaliste souriante ci-dessous – a été ma première expérience dans le milieu de l’édition. 2016, mon manuscrit Sous le Viaduc avance à petit pas vers les éditeurs. En septembre, peut-être août, trois dossiers papier partent à l’assaut de la gloire romande ! J’avais écrit un mot que je croyais humoristique pour attirer l’attention, au cas où mon manuscrit n’aurait… Bref, à la Poste, j’étais resté ému au guichet lorsque j’ai vu mes dossiers balancés dans un sac postal… Ému et nerveux ! Est-ce qu’on peut être édité lorsque personne ne vous connait, sinon vos potes, votre famille ? Vouloir être édité, quelle arrogance, hein ? J’ai attendu trois semaines pour recevoir une petite carte : « pour le Viaduc, c’est oui… » Quoi? Que se passe-t-il ? Mes mains tremblaient. Il faisait nuit. Je rentrais d’un reportage compliqué. J’avais la tête remplie de doutes et de fatigue. J’étais seul à mon bureau… « pour le Viaduc, c’est oui… » J’ai mis ce mot magique dans ma poche et je suis sorti de chez moi. J’ai dû marcher une heure, plus, dans la nuit noire. Sous un lampadaire, je ressortais la carte… J’ai dû la relire vingt fois, cinquante fois cette carte. Deux mois plus tard, Sous le Viaduc sortait chez Les Sauvages (coll. Les Furieux sauvages), la maison d’édition créée par Valérie Solano. Dans la foulée, j’ai fait le Salon du livre de Genève et Morges sur les quais. Dingue ! J’ai dédicacé dans ma librairie fétiche, La Fontaine à Vevey, ailleurs aussi. J’ai plané plusieurs mois. Aujourd’hui, lorsque je ressors un exemplaire très élégant de ma bibliothèque, je caresse avec amour le crâne dégarni de la couverture. Mon Dieu, on me l’a reproché ce crâne… Il a été un handicap pour la réussite du bouquin, et je m’en fiche royalement. Merci Valérie pour ta confiance sans faille, tes sourires apaisants ! Tu as été ma première éditrice et tu resteras à part dans ma vie d’auteur. Une dernière chose, il reste quelques livres disponibles. Chez moi ou chez Les Sauvages.

https://editionsdessauvages.ch/editions/furieux-sauvages/

Nouvelle jeunesse, merci Tolstoï !

Big Leon T

Rassurez-vous, il n’est pas question de tomber dans le jeunisme ambian ! Retraité depuis peu (enfin…) et donc destiné aux galetas de nos sociétés assoiffées de jobs et de rendements, je me suis trouvé pendant les fêtes une raison de me réjouir. Le vieux Léon Tolstoï cité par Lionel Duroy dans son dernier opus: Disparaître est au bout du rouleau. Il a 82 ans. Il fuit sa maison d’Iasnaïa Poliana au sud de Moscou. Il détale. Il quitte sa femme devenue folle. Il dit vouloir mourir seul, loin de cette Sofia invivable, être ailleurs; et pourquoi pas mourir à petit feu, pas trop vite… Allez savoir avec Léon ! Bref, il est monté dans le train, il est parti. Il écrit une dernière lettre à cette Sofia aimée toute une vie pour l’adjurer de ne pas se donner la mort (c’est Duroy qui nous le dit). Voici un passage qui m’a touché, moi qui ne suit pas si vieux : « la vie n’est pas une plaisanterie et nous n’avons pas le droit de l’abandonner ainsi. C’est même irraisonnable de la mesurer suivant la durée du temps; les mois qui nous restent à vivre sont peut-être les plus importants que toutes les années vécues; il faut bien les vivre. » Je suis resté scotché sur ce passage d’un livre (Disparaître) que j’ai eu de la peine à faire sortir d’un nombrilisme exténuant au fil des pages. Duroy a fait mieux par le passé. « Les mois qui nous restent à vivre sont peut-être les plus importants que toutes les années vécues; il faut bien les vivre. » Cette musique des mots et du sens ne cessent plus de me trotter dans la tête. Merci Tolstoï !