Changer de plume

Puisque les éditeurs hésitent encore à me faire confiance, je repasse ma plume à l’encrier journalistique. Et vive le print ! Les journaux papiers pour rester entre nous… Bref, mes romans sur le féminisme, les vieux qui coûtent trop cher à la société, l’amour toujours ou la peinture en folie… ah, j’oubliais mes premières amours: le polar, tous ces beaux romans qui vivotent dans le premier oubli, ou attendent fébrilement un éditeur ou sont encore sur l’établi d’écriture, tous ces jolis romans font place ce jour à un courrier de lecteurs… Merci à 24Heures de m’accueillir (en tête de page) pour un faux lamento sur l’urbanisation galopante, la densification effrénée qui saisissent notre pays. Si cela vous plaît et peut-être vous chaut au coeur, écrivez-moi ! Sympa de partager !

Burnand l’inclusif

J’entends déjà les jeunes pisse-froids ricaner: c’est qui cet Eugène Burnand ? D’abord Eugène, ça ne se fait plus . Trop blanc, trop vieux, trop colonialiste, etc. Certes ! Aujourd’hui, les jeunes ont raison. Toujours raison. Les vieux, trop moches pour être écoutés ou vus ou approchés (sauf de Niro et Pacino). Je m’en fous, je ne suis plus jeune depuis un certain temps et j’ai été soufflé par l’exposition Immortaliser les visages de la Grande Guerre. Cela se voit au Musée Eugène Burnand de Moudon, un musée de poche au charme simple, tenu par des bénévoles qui croient encore aux racines du passé, à la beauté d’une peinture saisissante, témoignage d’un temps révolu, d’une histoire qui est la nôtre. Les moins jeunes diront que Burnand est une vieille barbe qui encombre ses toiles de la vie paysanne de son coin de pays. Ses vaches sont puissantes, ses chevaux racés, ses paysans abrutis de fatigue. Mais tout est juste. Témoignage d’un temps que les jeunes de vingt ans et moins ne peuvent même pas imaginer. Tellement notre vie est aujourd’hui affadie par la mollesse et la facilité. Reste que le meilleur de Burnand réside dans ses portraits de soldats de la Grande Guerre. Cinquante pastels qui passent en revue ceux qui se sont engagés de gré ou de force auprès des Alliés de l’époque. Le trait est sûr, la couleur délicate. Ils redonnent une vie à tous ces visages venus de coins perdus (colonisés ou non) du début du XXème siècle, venus pour plonger dans les tranchées de la haine européenne. Tous les calots, tous les regards, les moustaches, les barbes, les turbans, les insignes nous fixent, nous figent, nous parlent. Malgré les bouches cousues. Stupéfaction et émotion. Saisissement. Quelques minutes pour changer d’époque, de lieux, de relations, d’état d’esprit. Ces hommes, ces quelques femmes immortalisés par le peintre inspiré ont été mes frères et mes soeurs, l’espace de quelques minutes. C’était dimanche 4 juin à Moudon au Musée Burnand. L’exposition est à voir jusqu’au 29 octobre 2023. Allez saluer de ma part ces pastels marqués du sceau de la fraternité universelle.

Le peintre

Les copulations de Ferguson

J’aime beaucoup l’accent que met Jon Ferguson dans son français parlé. J’aime bien aussi les écrits de Jon Ferguson, l’ancien basketteur américain devenu écrivain. Oui… Même lorsque je ne comprends pas toujours ce qu’il veut dire. Ce n’est pas tant une histoire de sens que de formulation. Je m’y perds parfois, comme si Ferguson entrait dans ma zone en me dribblant, avant de placer la balle orange dans le panier. Sans que j’y comprenne quelque chose. Reste que j’aime la plupart des écrits de ce bonhomme. Particulièrement celui du jour (mardi 14 mars 2023) dans le journal 24Heures qui traite de la notion de racisme. Évidemment, c’est à la mode. Tout le monde est racisé aujourd’hui, surtout les blancs. Ce qui me plaît chez Jon Ferguson, c’est sa manière de renvoyer le racisme aux vestiaires. Je le cite avec gourmandise: « Il semble que seul ces derniers (les humains) soient assez stupides pour faire tout un plat de la couleur… et sont assez bêtes pour diviser leur espèce en races selon leur couleur et s’accuser de racisme . » Alors que les animaux nous en mettent plein la vue avec leurs myriades de couleurs. Suivons encore un peu plus loin Ferguson, « nous sommes tous le résultat de millions et de millions de copulations… » J’essaie d’imaginer ces mélanges astronomiques de spermatozoïdes et d’ovules au fil des siècles. Il a raison le bougre, tellement raison ! La notion de racisme n’est qu’une pensée réductrice que les démagogues adorent asséner. C’est moins fatigant que de tenir des discours articulés qui donnent à penser aux masses. Ah, les démagogues… Ils sont de toutes les races et nous en font voir de toutes les couleurs. Merci Jon Ferguson !

Valérie Solano, première !

Valérie Solano – la syndicaliste souriante ci-dessous – a été ma première expérience dans le milieu de l’édition. 2016, mon manuscrit Sous le Viaduc avance à petit pas vers les éditeurs. En septembre, peut-être août, trois dossiers papier partent à l’assaut de la gloire romande ! J’avais écrit un mot que je croyais humoristique pour attirer l’attention, au cas où mon manuscrit n’aurait… Bref, à la Poste, j’étais resté ému au guichet lorsque j’ai vu mes dossiers balancés dans un sac postal… Ému et nerveux ! Est-ce qu’on peut être édité lorsque personne ne vous connait, sinon vos potes, votre famille ? Vouloir être édité, quelle arrogance, hein ? J’ai attendu trois semaines pour recevoir une petite carte : « pour le Viaduc, c’est oui… » Quoi? Que se passe-t-il ? Mes mains tremblaient. Il faisait nuit. Je rentrais d’un reportage compliqué. J’avais la tête remplie de doutes et de fatigue. J’étais seul à mon bureau… « pour le Viaduc, c’est oui… » J’ai mis ce mot magique dans ma poche et je suis sorti de chez moi. J’ai dû marcher une heure, plus, dans la nuit noire. Sous un lampadaire, je ressortais la carte… J’ai dû la relire vingt fois, cinquante fois cette carte. Deux mois plus tard, Sous le Viaduc sortait chez Les Sauvages (coll. Les Furieux sauvages), la maison d’édition créée par Valérie Solano. Dans la foulée, j’ai fait le Salon du livre de Genève et Morges sur les quais. Dingue ! J’ai dédicacé dans ma librairie fétiche, La Fontaine à Vevey, ailleurs aussi. J’ai plané plusieurs mois. Aujourd’hui, lorsque je ressors un exemplaire très élégant de ma bibliothèque, je caresse avec amour le crâne dégarni de la couverture. Mon Dieu, on me l’a reproché ce crâne… Il a été un handicap pour la réussite du bouquin, et je m’en fiche royalement. Merci Valérie pour ta confiance sans faille, tes sourires apaisants ! Tu as été ma première éditrice et tu resteras à part dans ma vie d’auteur. Une dernière chose, il reste quelques livres disponibles. Chez moi ou chez Les Sauvages.

https://editionsdessauvages.ch/editions/furieux-sauvages/

Nouvelle jeunesse, merci Tolstoï !

Big Leon T

Rassurez-vous, il n’est pas question de tomber dans le jeunisme ambian ! Retraité depuis peu (enfin…) et donc destiné aux galetas de nos sociétés assoiffées de jobs et de rendements, je me suis trouvé pendant les fêtes une raison de me réjouir. Le vieux Léon Tolstoï cité par Lionel Duroy dans son dernier opus: Disparaître est au bout du rouleau. Il a 82 ans. Il fuit sa maison d’Iasnaïa Poliana au sud de Moscou. Il détale. Il quitte sa femme devenue folle. Il dit vouloir mourir seul, loin de cette Sofia invivable, être ailleurs; et pourquoi pas mourir à petit feu, pas trop vite… Allez savoir avec Léon ! Bref, il est monté dans le train, il est parti. Il écrit une dernière lettre à cette Sofia aimée toute une vie pour l’adjurer de ne pas se donner la mort (c’est Duroy qui nous le dit). Voici un passage qui m’a touché, moi qui ne suit pas si vieux : « la vie n’est pas une plaisanterie et nous n’avons pas le droit de l’abandonner ainsi. C’est même irraisonnable de la mesurer suivant la durée du temps; les mois qui nous restent à vivre sont peut-être les plus importants que toutes les années vécues; il faut bien les vivre. » Je suis resté scotché sur ce passage d’un livre (Disparaître) que j’ai eu de la peine à faire sortir d’un nombrilisme exténuant au fil des pages. Duroy a fait mieux par le passé. « Les mois qui nous restent à vivre sont peut-être les plus importants que toutes les années vécues; il faut bien les vivre. » Cette musique des mots et du sens ne cessent plus de me trotter dans la tête. Merci Tolstoï !

En attendant le Joufflu !

Mon histoire d’écriture n’est pas que mon histoire. C’est une histoire à trois. Trois potes, trois plumes qui s’aiguisent depuis quarante et quelques années. Il y a d’abord eu Raphaël Guillet, rencontré à l’université, puis Claude Bonvin, connu au bistrot comme il se doit. On avait vingt-et-un, vingt-deux… On voulait faire un Charlie Hebdo romand, on l’aurait appelé Le Joufflu ! On voulait écrire contre la connerie ambiante, contre les petites gens bien comme il faut, les mesquins et les mesquines, les gros lourds et les pétasses, les ambitieux arrogants et les chefs sans âme, les artistes replets et complaisants, les politiciens rêvant de devenir aussi gros que le boeuf, contre les banquiers qu’on ne connaissait pas. On voulait juste s’amuser, regarder les jolies filles passer devant nos yeux, écrire comme Romain Gary, penser comme Albert Camus, s’engager comme Robert Badinter. On voulait vivre à mach 2. On n’avait pas un sou. On livrait des limonades, de la bière, du vin sous le regard bienveillant de la famille Déjardin. Pour payer nos études qui ne nous poursuivaient pas beaucoup… Quarante ans après, le Joufflu existe toujours. Le Matin Dimanche du 27 novembre 2022 vient de saluer l’un de ses pères : Raphaël. Faites connaissance avec lui et son héroïne, l’impétueuse Alice Ginier. Une commissaire comac ! Ah… à côté il y a un procureur de la république de Neuchâtel. Une autre histoire.

Ecouter les Pinceaux de feu

Et voici les deux passages de notre interview sur Radio Chablais du lundi soir 21 novembre. C’était in extenso l’émission de Cyril Zoller. On a parlé rencontre, coup de foudre et coups de pinceaux, découverte, amitié et partage. On a, je crois, célébré la vie ! Enfin, c’est l’espoir que j’ai en parlant des Pinceaux de feu, la biographie du peintre Edgar Mabboux, édité chez Cabédita, mon troisième bouquin. Alors écoutez voir…

Trois, deux, un… antenne ! Edgar se fait plaisir et en donne au micro !
À la console, à l’interview, Cyril Zoller ne lâche pas Edgar Mabboux ! Deux complices…

Plein les yeux à la radio

Des images sur les ondes… Ce type est devenu fou ! Lundi soir 21 novembre, je vous prouve le contraire sur Radio Chablais. Avec le peintre Edgar Mabboux, je serai l’invité de Cyril Zoller pour son émission In extenso. On va parler de peinture, de jeunesse flinguée, de rémission artistique, de la Riviera, de Phœnix, des Eagles, de Rome, de Vevey sous la pluie, de Montreux et sa tour comme un sexe, d’amitié, de tableaux, de la vie ! C’est l’histoire des Pinceaux de feu (Editions Cabédita), la biographie que je consacre à Edgar Mabboux, le truculent peintre de Blonay. Venez vous en mettre plein les yeux ! Venez voir sur Radio Chablais, lundi soir 21 novembre. C’est In extenso, on y sera avec Cyril Zoller.

Retour vers Radio Chablais

Lundi 21 novembre, entre 18 h et 19 h, Radio Chablais reçoit Les Pinceaux de feu. Oui, Cyril Zoller – c’est l’émission in extenso – m’accueille en direct avec Edgar Mabboux. Un moment émouvant pour moi, puisque lors du vernissage du livre Edgar était au fond du lit. Là, il pourra véritablement goûter à l’ivresse de cette biographie romancée, car Les Pinceaux de feu, c’est sa vie, son oeuvre, ses démons, ses fulgurances.

En mars 2021, Cyril Zoller (photo) m’avait interviewé par téléphone pour la sortie de La Voix du souvenir, mon deuxième roman qui avait été flingué par le Covid. Ce roman, je le garde très fort dans mon coeur. Je ne résiste pas au plaisir de vous redonner le lien de Radio Chablais, quelques minutes consacrées à cette histoire d’amour aussi chaotique qu’envoûtante.

https://www.radiochablais.ch/podcasts/podcast-detail?idPodcast=38941

Lundi, changement de décor donc avec Les Pinceaux de Feu. Plus qu’une biographie, il s’agit véritablement d’une rencontre. Celle d’un peintre qui se remet en question à presque 90 ans et un journaliste-écrivain qui tombe sous le charme de cette (re)découverte. Une rencontre ? Mot bien faible. L’amitié s’est tissée à coups de rouge espagnol, de coups de gueule, de larmes et de saisissements.

Je me réjouis de ce rendez-vous avec Cyril Zoller pour développer.

Radio Chablais en direct ou en streaming, c’est lundi 21 novembre, in extenso, 18h – 19h.

Le Quatar droit dans les yeux

Le Temps se met à l’heure du Quatar, comme tout le monde. Ou presque. Moi j’attends encore quelques jours l’entrée en lice de notre Nati pour me lancer. Pas bien, ça ! Ce vilain Quatar, il faut le boycotter, le vilipender, lui vomir dessus, à la suite des cohortes bien-pensantes. Et là, je reviens au Temps du jour (15 novembre 2022). J’ai apprécié l’édito de une d’Aline Jaccottet. Avant le Quatar, il y avait eu, écrit-elle, les JO de Pékin, le mondial 2018 en Russie… oulalalala, les mauvais souvenirs ! Personne (ou si peu) avaient hurlé aux mauvais traitements des travailleurs et travailleuses, des soupçons de corruption, des libertés aléatoires de ces grands pays laborieux. J’ai aimé cet édito. Il m’a réconforté. Je l’ai adoré. Et je pourrai allumer mon poste de télévision (je suis un vieux) et regarder tous mes matches préférés sans mauvaise conscience. Ouf !