Je lis avec surprise que des élèves romands sont allés à Auschwitz-Birkenau ces jours derniers (Le Matin Dimanche du 22 novembre). Une initiative de la Cicad, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation. Cent huitante mômes, des adolescents et des jeunes adultes, dans le plus monstrueux camp d’extermination de la furie nazie. Je trouve l’opération salutaire. Évidemment on va me dire que – un aller-retour Genève-Cracovie dans la journée – c’est du voyeurisme à deux balles, on va aussi m’asséner que le bilan carbone de cette journée est insupportable. Certes. On peut tout dire contre cette opération, cette leçon d’Histoire contemporaine. Cette Histoire-là, c’est notre Histoire. C’est l’Europe prise d’une convulsion nécrophile, c’est notre pays confronté à sa petitesse, c’est l’humanité réduite à la haine. C’est nous. Hier, aujourd’hui… demain ? Je suis allé à Auschwitz I et II (Birkenau). Je me suis dit que plus jamais je n’y retournerai. En lisant le papier du Matin Dimanche, j’ai remis au rebut ma sage décision. J’y retournerai s’il le faut avec des élèves, avec mes enfants, avec mes petits-enfants. S’il le faut, s’ils le demandent, s’ils me sollicitent. Devoir de mémoire, oui.

Les fêtes de fin d’année pointent leur nez dégoulinant de fric dans les grands et petits magasins, les boutiques et les marchés lumineux. Entre ces moments usants de Noël et de Nouvel An, il y a depuis 80 ans, le 27 janvier et la libération des camps d’Auschwitz I et II et l’ouverture le 20 novembre de la même année du procès des dignitaires nazis à Nuremberg. Deux fêtes (on dit commémorations en termes choisis) pour enserrer nos fêtes de l’oubli que l’on dit ou que l’on veut joyeuses.

Pensez donc à offrir Le Crépuscule des hommes d’Alfred de Montesquiou chez Robert Laffont et ou proposer un pèlerinage à Oswiecim à ceux que vous aimez. Des cadeaux de l’âme sous le sapin.

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