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Je suis presque jaloux. Sarah Jollien-Fardel sort un livre qui m’a ébloui: Sa Préférée. Chez Sabine Wespieser, éditeur. Je l’ai lu (et relu par passages entiers) en quelques heures, fasciné par la limpidité du style, sa capacité à réinventer des scènes affreusement répétitives. En fait, l’histoire de cette Préférée est banalement insupportable. Des histoires dont on nous rebat les oreilles depuis longtemps maintenant, mais qui fait mouche, qui réinvente l’horreur d’un quotidien sordide. Une femme battue, deux enfants battues, j’ai failli ne pas ouvrir le livre. Ces situations, ces vécus tellement racontés; jusqu’à l’écœurement… Et là, dès les premières lignes, on se laisse captiver par le récit, déjà suspendu au style qui vacille entre puissance et légèreté. Du grisou à l’état brut ! Et jusqu’au bout. Jusqu’au final qui m’a laissé pantois, incrédule. Mon âme a rendu les armes. Moi qui sue pour bricoler des fins, me voilà crucifié. Non… Je suis sous le charme, comme je ne l’ai jamais été depuis fort longtemps. Je ne sais plus depuis quand. Je m’en fiche. Ce livre est une preuve que la belle littérature est diablement vivante. Merci à Sarah Jollien-Fardel.

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