Des aiguilles à détricoter

Étrange la vie ! Les carambolages de nos vies… Depuis plusieurs semaines – des mois même ! – je suis en train d’écrire une biographie-rencontre du peintre Edgar Mabboux (88 ans). Un génie de la toile et de la survie… J’avance dans sa vie, je creuse les sillons de mes pages; et je dois souvent faire une pause, poser ma plume, pour être bien sûr de ce que j’écris.
Une biographie. Une confession. Une gifle.
Et cette semaine, je tombe sur le dernier bouquin de Gérard Depardieu: « Ailleurs » ! Ce n’est pas tellement les réflexions de l’acteur qui soudain m’intriguent, mais un détail … Page 53, je cite: « les aiguilles du ventre de ma mère, il m’arrive de les sentir encore. »
Il n’y a pas de hasard, je suis saisi ! Je mets mes souliers et je vais marcher, marcher, marcher… Pour m’expliquer, il va falloir – toute honte bue – que je me cite moi-même. Page 14 de mon manuscrit, La Vie d’Edgar. Rencontre avec Mabboux : « j’ai tout fait pour ne pas t’avoir. J’ai même essayé avec une aiguille à tricoter… » Les mots glaçants d’une maman (Gabrielle, comme l’ange…) à son fils (Edgar). Après, le détricotage apaisé et apaisant de Depardieu ne ressemblera pas à celui d’Edgar, là, un désastre affectif.
Je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant, mon manuscrit avance, mais n’est pas prêt. Par contre allez acheter « Ailleurs », c’est émouvant, c’est simple, c’est motivant, c’est tellement humain.

Gérard et…
… Edgar

Oubliés découverts

On pourra toujours dire que je suis un laborieux tranquille, un homme au ralenti, un découvreur tardif, je m’en fous ! Parce que, là, je viens de tomber sur des nouvelles ahurissantes. Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti une telle émotion dans mes lectures. « Les hommes oubliés de Dieu » d’Albert Cossery. Un style serré, sans fioritures indigestes, des personnages poignants, une atmosphère engluée dans la misère: un monde sans espoir, des petites gens en sous-sol; et jamais une plainte. Mieux, pour pimenter ce graillon dramatique, un humour décapant et dérisoire. Évidemment, me direz-vous, l’époque n’est pas à la lecture de telles horreurs de la vie. Et pourtant, ces nouvelles concernent la majorité des humains de la planète: la foule des pauvres ! En poche chez Arcanes pour des clopinettes. Et dire que la première édition date de 1946…

Mise à nu

Courbet, depuis deux ans je le course. Deux cents ans après sa naissance… Près de chez moi, à La Tour-de-Peilz; chez lui, à Ornans (Doubs, 25) ou le long de la Loue sauvage, voire à Etretat ou au Musée d’Orsay, je reste toujours sous le charme. J’adore évidemment son côté provocateur, impulsif, libre. L’Origine du monde, une mise à nu pour choquer les bourgeois, la belle société impériale. Aujourd’hui encore, personne n’a fait mieux… Heureusement que Lacan, entre autres choses, a réussi à sauver l’œuvre de sa cachettes dorée.

https://www.franceculture.fr/peinture/a-lorigine-de-lorigine-du-monde-montrer-un-vrai-sexe-un-acte-politique

Les enfants du ballon rond

Une reprise de volée, un lien magique, une ouverture magistrale, ce papier du Temps. Je le reprends ici pour l’élégance du style et le rappel de quelques souvenirs personnels….
 » Quand Jacques Ducret, Norbert Eschmann, Raymond Pittet et Jean-Jacques Tillmann composaient le carré magique de la presse sportive romande. La mort de Jacques Ducret le 30 décembre dernier a marqué la fin d’une époque mythique et souvent mythifiée du journalisme sportif romand. Dans les années 1970-1980, la presse écrite était toute-puissante et Ducret, Eschmann, Pittet, Tillmann étaient des roi… « 

Jusqu’à Mabboux

La Voix du souvenir, c’est mon projet à bout touchant. Il y a aussi la biographie romancée d’Edgar Mabboux qui avance. Le peintre de Blonay que j’admire beaucoup a vécu une histoire terrifiante. Abandonné à quelques jours, placé de force à la campagne dans des conditions dégradantes et insupportables pour un môme, Edgar est devenu un révolté, un petit voyou et un artiste – tardivement – reconnu. Pas chez nous ! Pas en Suisse ! Jalousé et régulièrement stigmatisé, il a fallu qu’il aille aux Etats-Unis pour obtenir la consécration. Il avait la cinquantaine; et c’est à Chicago et à Phoenix qu’il s’est fait un nom made in USA. En ce début d’année (il a 89 ans), il n’a rien perdu de son esprit facétieux. Salut l’artiste !

Dans son atelier, en avril 2017
Un chef d’oeuvre..

Vous aviez oublié ?

Mon actualité, ce n’est ni le masque, ni le gel, encore moins la distance sociale avec mes proches, mais mon bouquin. La Voix du souvenir va sortir au printemps avec les hirondelles et sans vaccin. Je me réjouis ! Je n’ attends plus que le plaisir de voir vos réactions ! Vos émotions, oui !

Florine, Aloys et les autres m’ont accompagné quatre ans. Quatre ans, rien qu’avec eux et bientôt ils vous appartiendront. Mes personnages essentiels m’auront quitté et c’est bien; pour aller vers vous, amis lointains ou proches, curieux et assez facétieux pour me suivre… Quel bonheur ! On en reparle, son nom: La Voix du souvenir. Vous aviez déjà oublié ? Tsssss…

Suivez ma plume

Cette nouvelle plume, c’est ma plume. Sur la toile, j’ai réussi à l’attirer. Elle a dit oui. Depuis lors, nous avançons ensemble. Elle n’a rien d’une plume d’ange à la Nougaro, mais c’est la mienne et je l’aime ! Et vous ?

Le Joufflu !

Claude (tout à gauche) et Raphaël (au milieu), ce sont mes complices. La photo retravaillée date de 38 ans. Eh, oui ! Les trois, nous écrivons – ensemble et séparément – depuisAutant de temps… Aujourd’hui, on appelle cette amitié, le Joufflu. Une sacrée expérience personnelle qui me permet aujourd’hui de publier (bientôt) mon deuxième roman: La Voixdu souvenir est l’enfant illégitime de notre relation. Les Joufflu, je les aime comme des frères, des frères d’armes, à la manière d’un Claude Nougaro.

Onfray, mon frère

Le bonhomme me fascine, il m’agace. J’aime Michel Onfray. À tel point que j’ai fini par m’abonner – pas adhérer – à Front populaire. Abonné, oui, mais pas fanatique de sa revue indépendante. Abonné oui, parce que j’aime cette manière qu’il a de me faire réfléchir, de me remettre en cause, de me dire que dans cette vie rien n’est facile, définitif, gagné. Pas fanatique, non, parce que le people Onfray me fatigue à force de passer – comme n’importe quel autre « faiseur d’opinion » – à la moulinette des sites audiovisuels parisiens. J’aime Onfray, comme j’aime Camus. Avec respect, sans m’agenouiller !