Entrez !

J’écris. J’aime écrire. Je lis. J’aime lire. Je suis auteur. J’ai été édité. Je ne le suis plus. Jusqu’à quand ? Je continue d’écrire. Dans ma besace : une histoire d’amour au temps du féminisme, une dystopie où les vieux n’ont qu’à bien se tenir. Deux manuscrits en mal d’éditeurs. Une histoire de famille est en cours d’écriture. Pas la mienne. J’écris aussi sur la vie de tous au fil des jours. Je suis journaliste. Ce n’est pas une maladie honteuse. Bienvenue chez moi. Entrez, c’est ouvert !

Délicieux Follett

Je n’ai jamais lu Follett. Pour moi Ken reste le petit ami de Barbie. Alors quoi ? Ken Follett je l’entends sur France Culture ce mercredi 24 décembre dans les Matins de Guillaume Erner. Et j’ai adoré. La simplicité du bonhomme, ses rires inattendus, son amour de la France, son accent nonchalant, sa manière de travailler, d’écrire. Il a vendu des millions de livres de par le monde, et je m’en tape. Aujourd’hui, Ken Follett est mon cadeau de Noël ! Peut-être irai-je acheter son dernier-né, Le Cercle des Jours. Ça parle de Stonehenge. Un lieu que j’avais adoré. Ce jour-là, il pleuvait des seilles, le vent nous couchait sur les cailloux, les menhirs ne bougeaient pas, j’étais amoureux.

Un peu de Shoah sous le sapin

Je lis avec surprise que des élèves romands sont allés à Auschwitz-Birkenau ces jours derniers (Le Matin Dimanche du 22 novembre). Une initiative de la Cicad, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation. Cent huitante mômes, des adolescents et des jeunes adultes, dans le plus monstrueux camp d’extermination de la furie nazie. Je trouve l’opération salutaire. Évidemment on va me dire que – un aller-retour Genève-Cracovie dans la journée – c’est du voyeurisme à deux balles, on va aussi m’asséner que le bilan carbone de cette journée est insupportable. Certes. On peut tout dire contre cette opération, cette leçon d’Histoire contemporaine. Cette Histoire-là, c’est notre Histoire. C’est l’Europe prise d’une convulsion nécrophile, c’est notre pays confronté à sa petitesse, c’est l’humanité réduite à la haine. C’est nous. Hier, aujourd’hui… demain ? Je suis allé à Auschwitz I et II (Birkenau). Je me suis dit que plus jamais je n’y retournerai. En lisant le papier du Matin Dimanche, j’ai remis au rebut ma sage décision. J’y retournerai s’il le faut avec des élèves, avec mes enfants, avec mes petits-enfants. S’il le faut, s’ils le demandent, s’ils me sollicitent. Devoir de mémoire, oui.

Les fêtes de fin d’année pointent leur nez dégoulinant de fric dans les grands et petits magasins, les boutiques et les marchés lumineux. Entre ces moments usants de Noël et de Nouvel An, il y a depuis 80 ans, le 27 janvier et la libération des camps d’Auschwitz I et II et l’ouverture le 20 novembre de la même année du procès des dignitaires nazis à Nuremberg. Deux fêtes (on dit commémorations en termes choisis) pour enserrer nos fêtes de l’oubli que l’on dit ou que l’on veut joyeuses.

Pensez donc à offrir Le Crépuscule des hommes d’Alfred de Montesquiou chez Robert Laffont et ou proposer un pèlerinage à Oswiecim à ceux que vous aimez. Des cadeaux de l’âme sous le sapin.

La seconde mort du petit Bazin

Vipère au poing, je devais avoir quatorze ans, quinze peut-être, un livre de poche avec Alice Sapritch sur la couverture. Je l’ai déménagé je ne sais pas combien de fois ce bouquin coincé parmi d’autres de mes bibliothèques. Je n’avais rien contre ma propre mère, mais la virulence de Bazin m’avait séduit, son histoire chaotique m’avait sidéré. Le style était vif. Je relisais régulièrement des passages. La suite m’a moins saisi, La mort du petit cheval et Le cri de la chouette. Le reste encore moins. Aujourd’hui je me sens trahi, manipulé rétroactivement. Le lecteur aime être manipulé, je suis un lecteur manipulable. Avec le livre récent d’Émilie Lanez – Folcoche chez Grasset – je suis catastrophé. Bazin a manipulé, a menti juste pour se venger et embellir sa sombre vie. Il a profité de sa notoriété pour interdire, pour menacer. Ce n’est plus de la manipulation, c’est de l’escroquerie. Au propre (jeunesse maquillée) et au figuré (notoriété intouchable). Je ne relirai plus jamais La Vipère et Hervé Bazin est mort il y a vingt-neuf ans. C’est mieux ainsi.

Bon sang Vallotton !

Quand j’étais môme Vallotton c’était des camions de transports, des camions verts il me semble. Aujourd’hui Vallotton c’est d’autres transports. C’est Félix et son oeuvre que je (re)découvre au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Deux heures de déambulation où le souffle me manque. Certaines peintures me touchent comme une première fois, avec les transports de l’émotion brute, d’autres me semblent connues, elles remontent à la surface des souvenirs sans filtre; c’est violent, c’est trouble, c’est magnifique. Les paysages m’ont subjugué : les bords de Loire (entre Orléans et l’Océan) que je retrouve différemment, la Seine (Les Andelys) en route sinueuse pour la Manche. Verdun m’a flingué. Et que dire des plages, des rivières, des forêts revues et sublimées par le peintre. Je pourrais en rajouter avec les gravures sur bois étonnantes, les nus intrigants, les dessins de presse délicieux et tout le reste que j’oublie et habite déjà mon être transporté. À voir et revoir jusqu’au 15 février 2026.

Les hyper-riches à la caisse !

Faire payer les super- et les hyper-riches jusqu’à 80% voire 90% de leurs revenus et de leurs fortunes, vous n’y pensez pas ! Même les plus pauvres n’oseraient pas le dire. Les malheureux méga-riches et leurs descendances devraient donc se serrer la ceinture ? Je vous propose un petit calcul. Avec une fortune d’un milliard de francs et un impôt progressif de 80%, cela donnerait un impôt de 800 millions de francs pour l’État. Il resterait dans la poche trouée du pauvre taxé, 200 millions de francs à disposition. Une paille. Ce calcul je l’ai fait après avoir lu le petit opuscule Ce que l’égalité veut dire, un entretien entre l’économiste Thomas Piketty et le philosophe Michael Sandel. Une lecture excitante, positive et roborative qui essaie de donner une porte de sortie digne et sociale aux problèmes financiers que nos politiciens dépeignent aujourd’hui comme insolubles sans une augmentation égale pour tous les citoyens, à commencer par les plus modestes. Ce qui me révulse le plus après cette lecture étayée, c’est que ces politiques indignes ont été grandement sinon totalement portées par des élus de gauche et de centre-gauche depuis les années 80, les années Reagan et Thatcher. Ce sont pourtant les Clinton, Obama, Schröder, Hollande et compagnie qui les ont conduites. Lisez et relisez ce petit livre apolitique et terriblement motivant ! Il n’est ni de gauche, ni de droite. Il donne à réfléchir dans un style accessible au plus grand nombre.

Nana joue…

Un débat public qui était surtout un rendez-vous d’élus du peuple. Mais les arguments ont pu être échangés… Merci à l’espiègle Nana Sjöblom qui nous a croqués – Sabrina et moi-même – au plus fort de nos interventions du 3 juin 2025. Votons toujours NON AUX CAMÉRAS DE VIDÉOSURVEILLANCE À VEVEY !

L’oeil libre penseur

Vevey (Vaud-Suisse). Débat public le 3 juin à la salle du Conseil communal dès 19h. Votation le 29 juin. Entre les deux: campagne et vote anticipé… Le sujet m’engage et je partage. Quarante-quatre caméras de vidéosurveillance autour de la gare. Comme cela peut paraître évident pour ceux qui réfléchissent avec leurs tripes. Je me suis porté volontaire auprès du comité  » Non aux caméras!  » en tant que citoyen libre de tout engagement politique. Je suis libre penseur – c’est mon privilège – et j’aimerais le rester. Alors votez non à ce projet municipal !

Municipalité, mensonge et vidéosurveillance

À Vevey, mon petit village de 20 000 âmes tranquilles, la Municipalité ment, a menti, selon le journal 24Heures. Pour faire passer la pilule de 44 caméras de vidéosurveillance au centre de la ville. Elle dit avoir obtenu le feu vert du canton, alors que le Bureau vaudois de protection des données dit le contraire. Mieux qu’aucune demande d’avis lui a été remise à ce jour. Je relis l’article, il faut que je me pince.

Ce n’est pas tout. L’expert payé pour dire tout le bien de ce projet censé lutter contre le deal de rues est un inconnu. Ou presque. Certains élus l’ont rencontré, ils ont pu échanger avec lui, mais on ne sait pas qui il est… Pour des raisons privées et commerciales, selon l’Exécutif. Il faut assurer son anonymat. Crénom de nom, ça sent son secret d’État ! Monsieur X a été payé près de 100 000 francs. Il faut que je pince mon autre joue.

Jeu de dupes ? Théâtre Guignol plutôt, mais qui est Gnafron, où est Polichinelle ?

Pour enfoncer le clou de ce mauvais projet truffé d’arrière-pensées politiciennes, reprenons nos esprits. Les dernières statistiques concernant le deal de rues dans le canton montrent qu’une présence policière accrue apaise les situations dites hors de contrôle comme à Vevey. Depuis octobre dernier, les dealers récidivistes sont incarcérés, puis expulsés. Principalement au Nigéria selon le Conseil d’État. Résultat : à Vevey, on ne voit plus de dealers autour de la gare comme avant.

Le simple bon sens devrait éclairer le Conseil communal et mettre un terme à ce mauvais mélo municipal. Réponse jeudi soir 27 mars. La séance est publique.

LE PETIT VILLAGE GAULOIS DIT NON !

La Municipalité et le Conseil communal de Vevey voulaient quadriller Plan-Dessus d’une vingtaine d’horodateurs, soumettre le quartier à une taxe de stationnement inconnue jusque-là. La réponse populaire est nette. Plus de 54 % des électeurs veveysans ont dit non.

Pour les autorités en place, et les partis de gauche en premier lieu, c’est un désaveu cinglant. Il faut comprendre qu’au-delà de la vingtaine de machines à sous à planter le long des rues du quartier, c’est toute la politique du stationnement payant à Vevey qui est remise en cause.

Jusqu’à présent l’installation des horodateurs s’était votée en petits comités politiques (Municipalité et Conseil communal), là c’était la première fois que les électeurs avaient droit à la parole. Et 54 % de nos jours, ce n’est pas rien.

Les électeurs ont donné un signe aveuglant : il faut freiner et stopper cette politique bien-pensante. Arrêter de donner des leçons vie aux petites gens et répéter que les horodateurs vont améliorer le parcage et permettre un réaménagement qualitatif des lieux. Les horodateurs servent d’abord et avant tout à remplir les caisses de la commune au détriment des usagers.

Plus largement la victoire des référendaires signe une forme de révolte contre les autorités qui regardent le quartier de loin. L’histoire de Plan-Dessus est riche en événements de cette nature politique. Souvent l’autorité centrale, plus autoritaire qu’aujourd’hui, s’est cassé les dents au moment de toucher à Plan-Dessus. Réaménager le quartier contre sa population modeste a toujours mal fini pour les décideurs de l’Hôtel de Ville.

Fin 2024, alors que les discussions vont bon train pour redéfinir la place Robin et ses alentours, sans compter les immenses projets immobiliers en cours de finalisation technique, le petit village gaulois de Plan-Dessus a décidé de résister. Il demande d’être écouté, respecté. Telle est la leçon ultime de ce net refus. Un avertissement.